Manon, jeune femme ambitieuse, a récemment été victime d'une arnaque en ligne, plongeant dans l'univers inquiétant du pig butchering. Elle a été manipulée par un réseau de cyberfraude qui lui a soutiré une somme d'argent conséquente. Son expérience illustre la vulnérabilité des victimes face à ces escroqueries sophistiquées. Aujourd'hui, Manon souhaite partager son histoire pour sensibiliser et prévenir d'autres personnes des dangers de la fraude dans le monde numérique.
Manon est tombée dans l’une des nouvelles arnarques : le pig butchering. Nous l’avons interviewée et elle nous a raconté son histoire.
Tout commence par une annonce de travail à temps partiel vue sur Facebook.
L’offre promet à Manon une source de revenu complémentaire, parfaite pour arrondir ses fins de mois. Curieuse, elle suit le lien, qui la redirige vers un site imitant la célèbre plateforme de vêtements Shein. Ce site, bien conçu, affichait des témoignages de femmes affirmant avoir gagné de l’argent facilement en effectuant des commandes en ligne.
"Je me suis dit que ça pourrait être un bon complément de revenu pour arrondir mes fins de mois," se souvient-elle. "Et puis, les avis de ces femmes sur le site semblaient tellement réels."
Manon contacte alors une femme se présentant sous le nom de Briana, qui explique qu’elle est mère célibataire et que ce "travail" lui permet de subvenir aux besoins de sa fille. Confortée par cette proximité apparente, Manon commence à effectuer des commandes, espérant obtenir des commissions en retour.
Pour chaque commande réalisée, Manon reçoit des promesses de commissions, mais elle doit d’abord avancer des frais.
Confiante dans le processus, elle suit les indications de Briana et effectue dix commandes via le compte de Briana. Au début, ces achats lui permettent, non seulement de générer des commissions, mais l’aident aussi à récupérer son investissement initial.
"Briana me répétait que j’étais sur la bonne voie, qu’avec encore quelques commandes, je pourrais récupérer tout l’argent, plus les commissions."
Une fois les dix commandes passées, Briana lui suggère d’ouvrir un compte afin qu’elle puisse réaliser les commandes elle-même et non plus par son biais. Manon pourrait ainsi être automne dans les commandes à effectuer et devenir une véritable auto-entrepreneuse.
"Elle m’a dit que ce serait le début de mon propre business," raconte Manon. "J’avais l’impression de gagner en indépendance.”
Manon ouvre son compte et commence à passer des commandes. Le résultat est fructueux : ses commandes sont remboursées et elle obtient même un retour sur investissement.
Cependant, au fur et à mesure des transactions, les montants demandés augmentent. Manon se retrouve alors engagée dans un engrenage financier, devant constamment investir davantage pour "finaliser" le processus et débloquer l’argent promis.
Après plusieurs jours, le total de ses dépôts atteint finalement 50 000 euros. En dépit de ses doutes croissants, elle s’accroche, persuadée qu’elle pourra tout récupérer en finalisant encore quelques commandes.
"J’avais déjà investi tellement d’argent… je me disais qu’après tout ça, je ne pouvais pas abandonner maintenant," explique Manon. "Je croyais vraiment que tout serait remboursé si je faisais encore quelques commandes."
Manon commence à douter lorsqu’après plusieurs échanges sur Telegram, ses correspondants lui demandent des sommes toujours plus importantes.
Elle se confie à un ami développeur, qui étudie le site et remarque des anomalies. Confrontée aux nouvelles exigences de versements sur Telegram, Manon demande des preuves supplémentaires de la légitimité de l'opération. C'est à ce moment-là qu’elle réalise que la promesse d’un remboursement à la fin du processus n’était qu’un leurre.
Pire encore, des recherches plus approfondies montrent que les opérations se déroulent depuis un ordinateur localisé en Birmanie et utilisent un langage informatique en chinois. Manon réalise alors l'ampleur de la tromperie.
Désespérée, elle porte plainte auprès de la police en Thaïlande, fait traduire sa plainte en thaï, en vain. Elle contacte l’ambassade de France en Thaïlande, mais là encore, les démarches n’aboutissent pas.
"J’ai tout essayé pour récupérer mon argent, mais il n’y avait rien à faire."
Ses comptes sont aujourd’hui bloqués, Manon ne récupérera probablement jamais les sommes investies.
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Le pig butchering, que l’on pourrait traduire par "engraissage de cochon", est une nouvelle arnaque de plus en plus sophistiquée où les escrocs gagnent la confiance de leurs victimes avant de leur soutirer d'importantes sommes d'argent.
Ce type d'escroquerie fonctionne en plusieurs étapes. On vous explique.
Les fraudeurs attirent les victimes par des offres d’emplois, des annonces alléchantes ou des promesses de rendements élevés, souvent par le biais de plateformes d’investissement en cryptomonnaies ou de sites de vente en ligne.
Une fois la victime engagée, les escrocs l'incitent à effectuer des dépôts de plus en plus importants, jouant sur l'appât du gain et la crainte de perdre l'argent déjà investi.
Les arnaqueurs peuvent attendre plusieurs semaines, voire des mois, pour établir une relation de confiance avec leurs cibles. Ils les "engraissent" petit à petit pour maximiser leurs gains avant de disparaître. Souvent, les victimes n'ont aucune idée de la supercherie jusqu'au moment où il est trop tard pour récupérer leurs fonds.
Derrière cette forme d'arnaque se cachent des cartels de cybercriminalité, souvent basés dans une région de l'Asie du Sud-Est, englobant la Birmanie, le Laos et le Cambodge.
Dans ces zones, échappant en partie au contrôle des autorités, les cartels emploient des milliers de travailleurs africains et chinois, souvent contraints à opérer depuis des "cités de cyberfraude."
Ces sites, bien cachés, servent de bases logistiques et opérationnelles, où les petites mains reçoivent des scripts et des protocoles sophistiqués pour cibler leurs victimes. Les opérateurs maintiennent des dialogues faussement rassurants et préparent des sites internet factices.
Dans le cas du pig butchering, ces arnaques impliquent un effort de manipulation psychologique constant. Les victimes sont amenées à croire qu’elles investissent ou du moins collaborent avec des personnes bienveillantes. Malheureusement, la majorité d’entre elles, comme Manon, ne découvrent la supercherie qu’après y avoir laissé des sommes considérables.
L’histoire de Manon révèle la complexité de réseaux de fraude bien établis. Les victimes, souvent en quête d’une stabilité financière ou d’un revenu complémentaire, se retrouvent piégées par des manipulateurs sans scrupules.
Pour lutter contre le pig butchering, la sensibilisation est essentielle afin que chacun puisse reconnaître les signes d’une fraude et éviter d’être pris au piège.
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Pour en savoir plus sur le blanchiment d’argent : Lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme : vers l’adoption de nouvelles règles
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