Assurance
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Interview Jean Paul Gagnon : expert en fraude documentaire

Découvrez notre interview exclusive de Jean-Paul Gagnon, expert de la fraude documentaire.

Jean Paul Gagnon revient dans cette interview sur l’état de la fraude documentaire, notamment en assurance et les moyens de lutter contre ce fléau.

Qui êtes-vous ?

Je suis consultant, formateur indépendant en fraude documentaire et sûreté. Ancien gendarme, j’ai été formé par l’institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. J’interviens auprès des entreprises confrontées à la fraude, notamment documentaire. Je forme leurs collaborateurs à la détection des faux documents d’identité (CNI, Passeports français et étrangers, justificatifs divers), afin de sécuriser leur relation clients en améliorant leur authentification (KYC) dans le but de lutter contre la fraude.

Je suis référencé au catalogue de formation de l’Agence de Lutte contre la Fraude à l’Assurance. Je dispense des formations aux correspondants anti-fraude des compagnies d’assurance et mutuelles ainsi qu’aux enquêteurs privés de recherches certifiés ALFA.

Je collabore aussi avec plusieurs éditeurs de solutions de détection de la fraude documentaire.

J’ai formé des équipes de Prestataires de vérification d’identité à distance (PVID) dans le cadre de leur parcours de certification par l’ANSSI et j’assiste l’un d’eux dans le cadre de son processus de certification.

🎧 Ecoutez notre interview de Maxence Bizien, directeur général de l’ALFA, en cliquant ici !

Quel est le principal problème que vous identifiez dans la fraude documentaire aujourd’hui ?

L’explosion de la fraude documentaire a plusieurs explications :

  • Notre monde est devenu digital. Toutefois, les usages sont allés beaucoup plus vite que la formation et la sécurisation qui auraient dû l’accompagner simultanément.
  • La gestion électronique des documents se généralise. Elle apporte un confort de diffusion des documents dans l’entreprise et facilite l’archivage mais sa technologie présente des inconvénients en matière d’investigation documentaire, notamment parce que la GED écrase généralement les métadonnées des documents numérisés et complique certains contrôles de cohérence sur des documents sujets à caution.
  • En ce qui concerne les documents d’identité et de voyage, alors que les concepteurs s’évertuent à fabriquer des documents de plus en plus sophistiqués, embarquant notamment des sécurités dynamiques dont les technologies ne sont pas accessibles aux fraudeurs, la numérisation annihile la majorité de ces sécurités en proposant une image statique dont la qualité médiocre rend parfois les contrôles inefficaces. Il est donc primordial de réussir à développer des solutions permettant de réaliser à la fois de l’analyse informatique mais également de l’analyse visuelle afin d’avoir des contrôles efficaces et efficients.
  • L’accroissement de la digitalisation a aussi pour effet de lier étroitement fraude documentaire et cyber-malveillance. Contraints d’utiliser des outils qu’ils ne maîtrisent pas, beaucoup d’usagers n’ont pas été éduqués à « l’hygiène numérique ». Ils n’ont pas conscience des risques croissants d’usurpation de leur identité et sont vulnérables aux attaques de leurs ordinateurs et de leurs smartphones. C’est pour cela que des entreprises comme ID Protect ont décidées de lutter contre ce fléau.

Quelle croissance connaît aujourd’hui la fraude documentaire ?

La croissance de la fraude documentaire n’a jamais été aussi forte. Elle est omniprésente. Comme l’a dit Charles Prats dans son livre Le Cartel des Fraudes : “La fraude documentaire est la mère de toutes les fraudes.” L’immense majorité des fraudes ont recours à un faux document pour prétendre une identité ou justifier d’un droit indu. L’accès de plus en plus facile à des outils numériques de transformation des images ou des PDF rend la fraude accessible à un plus grand nombre. Les réseaux sociaux offrent aussi des tentations par la diffusion de « kits » à bas coût (en apparence), qui ne sont pas sans danger pour leurs utilisateurs car pouvant entraîner une divulgation des données personnelles pour réaliser la fraude.

Elle est très difficile à quantifier car elle est occultée par définition. C’est pour cela que les chiffres sont toujours l’objet de grandes batailles. La fraude découverte n’est qu’une petite partie de la fraude réelle. Faites un parallèle avec la lutte contre le trafic de stupéfiant et vous aurez une image du problème. Les usurpations d’identités sont estimées à 400 000 par an, mais ce chiffre ne représente que celles qui sont découvertes ou déclarées.

La qualité des faux documents a augmenté à cause des raisons que je viens d’expliquer et la détection « à l’œil nu » est de plus en plus difficile. L’explosion du nombre de phishing réussi le démontre également.

Quels sont les meilleurs moyens de se prémunir aujourd’hui face à la fraude documentaire ?

Se prémunir de la fraude documentaire impose une généralisation des contrôles le plus en amont possible. Il est important de se former et de s’équiper pour lutter contre la fraude sans procéder seulement à des contrôles aléatoires.

La lutte contre la fraude est un mur construit de plusieurs briques. Aucune solution ne couvre l’ensemble du phénomène. Les technologies développées par les éditeurs de solutions de lutte contre la fraude sont de plus en plus performantes pour permettre d’augmenter les capacités humaines. La bonne combinaison me paraît être « l’Humain assisté » car rien ne peut remplacer l’expérience, l’intelligence et l’interprétation du résultat de la machine par l’Homme.

Le mot de la Fin’Équipe :

Il est indispensable de se prémunir contre la fraude. La formation et l’utilisation d’outils sont complémentaires.

La fraude documentaire est aujourd’hui un sujet de fond que nous devons travailler et traiter avec les différents acteurs.

‍Pour en savoir plus sur les outils de Finovox pour lutter contre la fraude documentaire, contactez l’un de nos experts !

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