Jean Paul Gagnon revient dans cette interview sur l’état de la fraude documentaire, notamment en assurance et les moyens de lutter contre ce fléau.
Jean Paul Gagnon revient dans cette interview sur l’état de la fraude documentaire, notamment en assurance et les moyens de lutter contre ce fléau.
Je suis consultant, formateur indépendant en fraude documentaire et sûreté. Ancien gendarme, j’ai été formé par l’institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. J’interviens auprès des entreprises confrontées à la fraude, notamment documentaire. Je forme leurs collaborateurs à la détection des faux documents d'identité (CNI, Passeports français et étrangers, justificatifs divers), afin de sécuriser leur relation clients en améliorant leur authentification (KYC) dans le but de lutter contre la fraude.
Je suis référencé au catalogue de formation de l'Agence de Lutte contre la Fraude à l’Assurance. Je dispense des formations aux correspondants anti-fraude des compagnies d’assurance et mutuelles ainsi qu'aux enquêteurs privés de recherches certifiés ALFA.
Je collabore aussi avec plusieurs éditeurs de solutions de détection de la fraude documentaire.
J’ai formé des équipes de Prestataires de vérification d’identité à distance (PVID) dans le cadre de leur parcours de certification par l’ANSSI et j’assiste l’un d’eux dans le cadre de son processus de certification.
L’explosion de la fraude documentaire a plusieurs explications :
La croissance de la fraude documentaire n’a jamais été aussi forte. Elle est omniprésente. Comme l’a dit Charles Prats dans son livre Le Cartel des Fraudes : “La fraude documentaire est la mère de toutes les fraudes.” L’immense majorité des fraudes ont recours à un faux document pour prétendre une identité ou justifier d’un droit indu. L’accès de plus en plus facile à des outils numériques de transformation des images ou des pdf rend la fraude accessible à un plus grand nombre. Les réseaux sociaux offrent aussi des tentations par la diffusion de « kits » à bas coût (en apparence), qui ne sont pas sans danger pour leurs utilisateurs car pouvant entraîner une divulgation des données personnelles pour réaliser la fraude.
Elle est très difficile à quantifier car elle est occultée par définition. C'est pour cela que les chiffres sont toujours l'objet de grandes batailles. La fraude découverte n’est qu’une petite partie de la fraude réelle. Faites un parallèle avec la lutte contre le trafic de stupéfiant et vous aurez une image du problème. Les usurpations d’identités sont estimées à 400 000 par an, mais ce chiffre ne représente que celles qui sont découvertes ou déclarées.
La qualité des faux documents a augmenté à cause des raisons que je viens d’expliquer et la détection « à l'œil nu » est de plus en plus difficile. L’explosion du nombre de phishing réussi le démontre également.
Se prémunir de la fraude documentaire impose une généralisation des contrôles le plus en amont possible. Il est important de se former et de s'équiper pour lutter contre la fraude sans procéder seulement à des contrôles aléatoires.
La lutte contre la fraude est un mur construit de plusieurs briques. Aucune solution ne couvre l’ensemble du phénomène. Les technologies développées par les éditeurs de solutions de lutte contre la fraude sont de plus en plus performantes pour permettre d’augmenter les capacités humaines. La bonne combinaison me paraît être "l'Humain assisté" car rien ne peut remplacer l’expérience, l’intelligence et l'interprétation du résultat de la machine par l'Homme.
Il est indispensable de se prémunir contre la fraude. La formation et l’utilisation d’outils sont complémentaires.
La fraude documentaire est aujourd’hui un sujet de fond que nous devons travailler et traiter avec les différents acteurs.